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LA CREATION DU MONDE

 

Tout commence par le Chaos

Ce récit fabuleux, qui ne ressemble à aucun autre, commence à une époque très très lointaine comme jamais conte, jamais histoire n’a commencé. Si nous voulons la prendre, cette histoire, à ses tout débuts, nous devons remonter le temps en un nombre infini d’années, de siècles et aller toujours plus avant, en quête de l’origine, l’origine du temps qui n’existe pas...

chaos

 

En cette ère donc, si reculée, vivait depuis toujours un dieu nommé Chaos. Ce dieu vivait seul, dans la plus complète désolation. Il n’y avait alors ni soleil, ni lumière, ni terre, ni ciel. Tout n’était que Chaos, profondes ténèbres et extrême infini.

 

Ainsi s’écoulèrent d’innombrables siècles jusqu’au moment où notre dieu, las de sa solitude, eut l’idée de la création du monde.

 

Tout commença lorsqu’il donna naissance à Gaia, la déesse Terre, une déesse des plus belles, pleine de force et de vie, qui grandit, se déploya, embrassa d’immenses étendues et devint la base du monde.

 

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Puis Chaos engendra l’effroyable Tartare, la Nuit noire et aussitôt après, le Jour tout de beauté et de lumière.

 

Le royaume du Tartare se situait dans les très profondes et sombres entrailles de la terre. Il était aussi profondément enfoncé en elle que le Chaos lui, en était élevé. Si on avait lâché une enclume en fer des hauteurs du Chaos, elle serait tombée pendant neuf jours et neuf nuits et ce n’est qu’à l’aube du dixième jour qu’elle aurait atteint la terre. Si, de même, elle était tombée de la terre jusqu’au Tartare, sa chute aurait duré encore neuf jours et neuf nuits avant d’en toucher le fond à l’aube du dixième jour. Le Tartare était à ce point enfoui dans la terre, c’est pourquoi les ténèbres y étaient si noires et si épaisses. Mais il était aussi immensément grand. Si tu y avais pénétré, tu te serais vu obligé de marcher indéfiniment, emporté par des tourbillons de vent infernaux et une année ne t’aurait toujours pas suffi à en atteindre le bout.

 

Au coeur de cet endroit terrifiant, redouté même des dieux immortels, s’élevait le sombre palais de Nyx, la Nuit, éternellement enveloppé de nuages noirs. C’est là que la Nuit passait ses journées et quand venait le crépuscule, elle sortait et s’étendait sur la terre.

 

Terre et Ciel, le premier couple divin

Après Chaos ce fut au tour de la Terre, Gaia, d’aider à la création du monde et, souhaitant commencer par quelque chose de beau, elle engendra Amour, la déesse qui donnait au monde la beauté de la vie. Puis elle enfanta le Ciel d’un bleu infini, les Montagnes et la Mer, tous des dieux très puissants. Le Ciel cependant, le grand Ouranos, était le plus fort. Ainsi la déesse Terre, mère universelle, se parait-elle et se réjouissait-elle de la création du monde.

 

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Désormais, le dieu le plus important de l’univers était Ouranos qui enveloppa la Terre et la voila d’un bout à l’autre de son bleu d’azur. Il siégeait sur un trône d’or majestueux, posé sur des nuages de toutes couleurs d’où il gouvernait le monde et les dieux.

 

Le Ciel épousa la déesse Terre et, ensemble, ils donnèrent le jour à de nombreuses divinités. Douze d’entre elles n’étaient autres que les Titans – six hommes et six femmes. Ils étaient gigantesques et d’une force sans pareille. L’un d’eux surtout, Océan, était tellement colossal qu’il embrassait toute la Terre. Il eut d’innombrables descendants et tous les fleuves du monde comptaient parmi ses enfants. Il avait trois mille filles, les Océanides, déesses des sources et des cours d’eau.

 

D’un autre titan, Hypérion, et de son union avec sa soeur, la titanide Théia, naquirent trois dieux superbes : Hélios, le resplendissant Soleil, Eos, l’Aurore aux doigts de rose et Séléné, la Lune au disque d’argent.

 

Le cadet des Titans était le perfide et ambitieux Cronos mais nous parlerons de lui abondamment, un peu plus loin.

 

Parmi les autres enfants du Ciel et de la Terre il y avait les très irascibles Cyclopes, dieux géants dotés d’un seul œil au milieu du front. Ils détenaient le feu et étaient maîtres de la foudre et des éclairs. Ils habitaient dans les hautes montagnes. Au sommet de l’une d’entre elles ils gardaient un feu toujours allumé, un énorme volcan qu’ils utilisaient pour forger armes et panoplies. Les Cyclopes étaient d’une force prodigieuse et quand ils erraient dans leurs hauteurs montagneuses, éclairs et tonnerre ébranlaient la terre, faisant trembler le monde entier sur leur passage.

 

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Mais les enfants les plus terribles du Ciel et de la Terre restaient les trois géants Hécatonchires, les plus grands de tous. Ils avaient cent bras chacun et leur force était telle qu’ils pouvaient jeter des rochers gros comme des montagnes capables de secouer la terre toute entière.

 

Les dieux étaient à présent très nombreux sous l’autorité d’Ouranos qui continuait à dominer le monde et à en régler le bon fonctionnement. Sa puissance était considérable, sa volonté faisait loi et tous obéissaient à ses ordres. Les années passées sous son règne étaient des années heureuses où n’existait ni la mort, ni la méchanceté, ni la haine.

 

Malheureusement, tout a une fin.

 

Un beau jour, il se mit très en colère contre ses enfants, les Titans et les Hécatonchires, qui s’étaient mal conduits envers lui et décida de les punir sévèrement. La Terre alors, voyant son courroux, s’agenouilla devant lui et le pria de leur pardonner.

 

– Mon maître et seigneur de l’univers, lui dit-elle, je t’en supplie, pardonne à nos enfants et ne provoque pas la ruine de la famille des dieux.

 

Mais la colère du Ciel était irrépressible.

 

– Mère des dieux, lui dit-il, lorsque les enfants cessent de respecter leur père, ils doivent disparaître de la face du monde. S’ils restent impunis, non seulement ils se retourneront contre moi mais ils seront aussi capables de me détrôner.

 

Tout en disant cela, il ouvrit la terre et précipita les Titans et les géants aux cent bras dans le très profond et obscur Tartare, là où il n’y avait ni lumière du jour, ni reflet de la nuit mais où tout n’était que noir et épaisses ténèbres sans fin.

 

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Cronos, maître du monde

La Terre, elle, soupirait douloureusement de voir ses enfants, les Titans, pris dans ses entrailles. C’est alors qu’elle eut l’idée de les inciter à s’insurger. Elle alla donc les trouver et leur dit :

 

– Pauvre de moi si je dois vivre dans l’éternité alors que mes enfants sont enfermés dans le ténébreux Tartare. Lequel d’entre vous est assez téméraire pour devenir le maître des dieux? Votre père a régné suffisamment longtemps, c’est au tour de quelqu’un d’autre maintenant.

Cronus casts Uranus from his throne

 

Les Titans, et même les Hécatonchires, baissèrent la tête. Le Ciel était d’une puissance redoutable et cent fois plus terrible quand il était furieux. Malgré cela, l’un d’entre eux éclata de joie. C’était Cronos qui, de tout temps, mourait d’envie de devenir le seigneur de l’univers. Il savait que leur père n’avait pas tort de les avoir jetés au Tartare. Mais maintenant, son tour était venu...

 

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Avec l’aide de sa mère, Cronos passa de sa sombre prison à la lumineuse création. Inaccoutumés à l’éclat de la lumière, ses yeux furent si fortement éblouis qu’ils ne purent rien distinguer de ce monde radieux qui s’offrait à eux. Très vite cependant, ils s’habituèrent et Cronos put voir la terre splendide avec ses hautes montagnes, ses vastes océans si bleus, le ciel infini, resplendissant de lumière et sentir sur son corps la douce et chaude caresse du soleil.

 

– Gaia, ma mère, merci de m’avoir permis de revoir ce monde suprême, ce monde qui va m’appartenir. Et maintenant, je te salue. Je sais ce que j’ai à faire dorénavant.

 

Sur ces paroles, Cronos disparut de la vue de sa mère. Après avoir fabriqué une longue faucille, il s’enveloppa d’un nuage et s’élança très haut dans le ciel, à l’affût du moment opportun... L’occasion se présenta comme il l’espérait. Il trouva Ouranos endormi... Traîtreusement, en l’espace d’un instant, c’en était fait. Il frappa son père, le blessa gravement et le rendit incapable aussi bien de gouverner le monde que d’avoir d’autres enfants.

 

– Mon succès est double, pensa Cronos, car je n’ai plus rien à craindre d’Ouranos. Il eut à peine le temps d’arriver au bout de sa pensée que la voix de son père retentit tel un profond rugissement tandis que toute la création se couvrait, que foudres et éclairs ébranlaient l’univers.

 

– Maudit sois-tu, enfant de malheur! Que ta progéniture te fasse subir ce que tu as fait subir à ton propre père...

 

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N’importe qui aurait été terrifié au reçu d’une telle malédiction mais Cronos n’y prêta pas la moindre attention. Il était si content de sa réussite qu’aucun mauvais augure ne pouvait l’assombrir. Il sortit les autres Titans du Tartare afin de consolider son autorité et d’acquérir ainsi une plus grande assurance. Par contre, il y laissa enfermés les Hécatonchires, ces géants aux cent bras dont la force l’effrayait alors qu’il connaissait bien les Titans et savait qu’il pourrait toujours les utiliser à son profit. Pourtant, l’un d’eux, le titan Océan, n’accepta pas de soutenir Cronos. Il trouvait tellement ignoble, de la part d’un fils, de frapper son père et de lui voler son trône qu’il ne voulait en aucune manière se faire son complice. Il se retira donc à l’autre bout du monde et vécut tranquillement, sans vouloir quoi que ce soit du pouvoir illégal de son frère.

 

Le pire, cependant, c’est que cette infamie fut à l’origine de tous les grands maux de l’univers. La déesse Nuit, pour le punir, engendra une foule de terribles divinités comme la Mort, la Tromperie, la Discorde, le Cauchemar, Némésis la « Vengeance divine » et bien d’autres encore. Cronos régnait désormais, du haut du trône de son père, sur un monde envahi par la peur, la malhonnêteté, la haine, l’angoisse, la vengeance et les guerres. Dès lors, et pour toujours, mortels et immortels allaient payer pour la faute de Cronos.

 

Le tout puissant dieu qu’il était, fut lui-même gagné par une profonde inquiétude. Il n’était plus sûr de garder le pouvoir à tout jamais. Il pensait maintenant, avec effroi, à la malédiction paternelle et craignait que ses propres enfants ne se soulèvent contre lui, tout comme il l’avait fait contre son père.

 

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Il prit alors une terrible décision en donnant l’ordre à sa femme Rhéa de lui apporter chaque nouveau-né qu’elle mettrait au monde afin de l’avaler sur-le-champ. C’est ainsi qu’il engloutit cinq enfants à qui Rhéa venait de donner la vie : Héra, Déméter, Hestia, Hadès et Poséidon.

 

La naissance de Zeus

Quand elle attendit un nouvel enfant, Rhéa fut prise de désespoir. Elle ne savait que faire pour le sauver. Elle courut alors chez ses parents, Ouranos et Gaia, qui lui conseillèrent d’aller enfanter en Crète, dans une grotte de la montagne Dicté, parfaitement dissimulée au coeur d’une forêt épaisse. C’est dans cette grotte sacrée que Rhéa mit son enfant au monde puis elle le confia aux nymphes et aux néréides de la forêt qui l’avaient assistée lors de son accouchement. Ensuite, elle rentra en cachette au palais de Cronos et se mit à crier comme si les douleurs de l’enfantement venaient de commencer.

 

Le terrible Cronos crut vraiment que sa femme était sur le point d’accoucher et ne manqua pas de lui renouveler son ordre avec ces paroles impitoyables :

 

– Femme, dépêche-toi d’en finir car je ne supporte pas les cris et apporte-moi l’enfant tout de suite, dit-il en sortant de la chambre de Rhéa.

 

Dès que Cronos eut disparu, elle prit une pierre qu’elle emmaillota pour la camoufler puis la lui donna à la place de son bébé. Cronos, qui ne s’aperçut de rien, avala la pierre, satisfait.

 

L’enfant qui venait d’être sauvé n’était autre que Zeus, le futur maître de l’Olympe.

 

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Tout commence par le Chaos | Terre et Ciel, le premier couple divin | Cronos, maître du monde | La naissance de Zeus

 

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Απόσπασμα από το βιβλίο Les Dieux de l' Olympe του Μενέλαου Στεφανίδη
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Les Dieux de l' Olympe cover

1. Les Dieux de l' Olympe

(γαλλική γλώσσα)

διαθέσιμο και στα αγγλικά, γερμανικά και ρωσικά